Le verger perdu

20/04/2020

Initialement ingénieur en mécanique, Ritchie Huxley, à seulement 40 ans, a déjà vécu de nombreuses vies professionnelles. À Manchester, ville dont il est originaire, il a travaillé dans la recherche, gagné des prix pour ses inventions, avant de renoncer à les développer faute d’investisseurs. Déçu mais pas découragé, il s’est lancé dans la hi-fi vintage !  « Des platines et des amplis à lampes, une super niche, hyper pointue. En 3 ans j’étais devenu le spécialiste sur le marché, je ne pensais qu’à gagner de l’argent et je ne savais pas ce que c’était de manger bio ». Nouveau revers, il perd tout et décide de voyager. Au cours de ses pérégrinations, il se découvre un goût pour l’agriculture : « j’avais besoin de me ressourcer, de prendre mon temps et on ne peut pas aller plus vite que les saisons ». Il s’intéresse aux fermes urbaines de Chicago, au maraîchage bio, à l’aquaponie. « À cette époque, avec le stress, j’avais des problèmes de santé et je me rendais compte que ça avait aussi à voir avec mon alimentation. J’avais envie de tout reprendre en main, à commencer par çà, envie de cultiver et de transformer moi-même, de tout gérer d’un bout à l’autre »

L’âge de glace

De retour en Europe, Ritchie s’installe en Bretagne, chez ses beaux-parents, et passe un diplôme d’exploitant agricole. En courant le marathon du Médoc (parce qu’il fait ça, aussi !) il rencontre la maire de Saint-Avé qui lui parle d’un verger abandonné depuis 6 ans. Coup de cœur. Après des mois passés à défricher, rafraîchir le terrain, tailler les 1500 pommiers, planter de petits arbustes fruitiers et des fraisiers, Ritchie a trouvé sa nouvelle vocation : artisan glacier. « Pendant un an, j’ai fait des expériences pour comprendre la technique, les saveurs, la texture. Puis je suis tombé sur du matos d’occasion, une pâtisserie en Angleterre qui a fait faillite, et je me suis lancé. J’ai commencé avec des choses simples, des parfums que tout le monde aime fraise, chocolat, vanille. Puis avec les fruits de mon verger. Mais à part les fraises, il m’a fallu admettre que rien ne poussait assez rapidement et en assez grande quantité pour que ce soit rentable. Alors j’ai commencé à essayer les mélanges avec d’autres produits bios et équitables ». Pêche/hibiscus, sésame noir, fleur de sureau, fraise /mojito, miel, fruit de la passion/lavande… Ritchie invente de nouvelles saveurs subtiles et incroyables. Plus artiste glacier qu’artisan !

Nouveaux projets

« Aujourd’hui je me rends compte que pour y arriver il faut que je m’associe avec des producteurs locaux et que moi, je me concentre sur la création. Il faut aussi que je mette au point un procédé qui rende les tâches faciles pour que d’autres puissent fabriquer et diffuser. L’idéal pour les parfums qui sortent de l’ordinaire serait d’avoir ma propre boutique, parce qu’en magasin on me demande surtout les classiques… ». Et c’est reparti pour mille et un projets ! Espace dégustation, vente ambulante sur la côte pendant l’été avec des triporteurs électriques dont la batterie alimenterait à la fois le vélo et le congélo, une collaboration avec la distillerie voisine pour créer une glace maltée ou encore aider une coopérative de femmes au Burkina Faso, Djigui Espoir (celle qui le fournit en Hibiscus) en leur apprenant ses techniques de glaces artisanales pour leur permettre de créer leur propre filière là-bas avec leurs fruits locaux. Histoires à suivre !

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